Un environnement économique radicalement nouveau


Un levier : des taux extrêmement bas à très long terme :

L’environnement économique a radicalement changé en un an. L’inflation atteint des niveaux historiquement bas et les taux ont eux-aussi franchi un point bas jamais vu, y compris à long voire très long terme. La BCE engage un programme visant à favoriser massivement le financement de « l’économie réelle ». La zone euro continue cependant de connaître une contraction notable du crédit bancaire[1] et une sérieuse panne de l’investissement de long terme. Les décisions de maîtrise comptable des déficits publics affectent durement son économie et pourraient se traduire durablement par une importante contraction des investissements dans ses infrastructures publiques.

Aucune mesure n’est prise pour alléger la régulation financière et favoriser les financements de très long terme. Les exigences croissantes de Bâle III limitent les risques de choc systémique, mais elles contraignent aussi de manière significative les capacités de financement des banques, notamment pour le très long terme[2].  Les assureurs sont aussi soumis à des contraintes liées au renforcement du cadre prudentiel à travers Solvabilité II, qui ne favorisent en rien le financement du très long terme, notamment les infrastructures. Pourtant, le contexte de taux bas actuel se prête fortement au développement de projets d’infrastructures et à leur financement sur des durées très longues.

Evolution de l’OAT 1-10-30 ans entre le 2 janvier 1987 et le 24 octobre 2014

2. taux OAT

Source : Banque de France

La dimension macroéconomique du projet :

La dimension macroéconomique du projet SFTE est un élément clef face au risque déflationniste identifié fin 2013 dans la zone euro, résultant pour une large mesure du choc énergétique du début du siècle, qui a vu décupler les prix du pétrole entre 1998 et 2007, et a contribué au ralentissement économique mondial. A côté d’autres projets de relance à l’impact lointain ou indirects et plus ou moins fléchés (par exemple certaines politiques fiscales ou depuis septembre 2014 la « Targeted LTRO[3] » de la BCE sur les entreprises et les particuliers hors immobilier), un plan global et massif de travaux d’économies d’énergie serait un outil très pertinent de relance économique rapide et contrôlée.

Le développement des rénovations énergétiques apparaît par ailleurs très approprié dans un contexte où le « couplage » entre PIB et consommation d’énergie est de mieux en mieux documenté. Selon l’économiste Gaël Giraud l’élasticité du PIB/habitant à la consommation d’énergie est supérieure à 60%[4]. Ceci renforce l’intérêt macroéconomique des projets d’efficacité énergétique.

Si la contrainte de Maastricht devait être levée dans l’urgence à l’occasion par exemple du plan d’investissement de 300 Mds € sur 3 ans annoncé par le Président Juncker, de nombreuses autres propositions d’A.F.T.E.R. resteraient tout autant pertinentes. En cette fin d’année 2014, tous les voyants sont allumés pour une intervention rapide et forte de la puissance publique.

N.B. Un gisement de 180 Mds € (minimum) de travaux pour l’UE pourrait paraître limité, mais le projet SFTE peut s’étendre au secteur parapublic et au tertiaire privé, ainsi qu’à d’autres secteurs de la transition énergétique. 



[1] Entre le premier trimestre (T1) 2012 et le T1 2014, l’encours de crédit bancaire (intérieur) au secteur non-financier privé dans la zone euro a diminué de près de 4% après une augmentation de 2% entre le T1 2010 et le T1 2012. En France, l’encours de crédit est resté relativement stable (+2% entre le T1 2012 et le T1 2014) après une forte augmentation entre le T1 2010 et le T1 2012 (+9%). Source : BRI. Dataset: BIS Credit to non-financial private sector.

[2] Le renforcement de la réglementation prudentielle par les accords de Bâle III se traduit par une augmentation du besoin en fonds propres des banques européennes, ainsi que la mise en place d’un ratio « d’effet de levier » et d’un ratio de liquidité, rendant ainsi plus contraignants les financements à long terme.

[3] « Long-term refinancing operation » : prêts à long terme (4 ans) accordés aux banques par la Banque centrale européenne.

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